Catégorie : amarres

  • élevages de poussière

    Soit une vision post-apocalyptique de notre surface, soit une macro-vision, soit une micro-vision, soit un switch
    aérien/1m70.
    Une surface- tout vient de la surface – noire, granuleuse, micas, cendres, pépites, corps de Pompéï, chaussures recouvertes effleurant seulement.
    Eparpillés, fragments de métal écho de l’usine écho du souffle de l’explosion, dormant tranquille.
    Observé des signes aux codes perdus.
    Eboulis, crevasses. Le buisson sec.

    (exposition de Sophie Ristelhueber au Jeu de Paume)

  • le camion danse


    Dans le cadre du Festival d’Automne, je suis allée voir « La Danseuse malade », Boris
    Charmatz et Jeanne Balibar. Avec les textes de Tatsumi Hijikata. Malheureusement l’intégralité du texte de Hijikata est inédit en France. C’est vraiment incroyable.

  • j’ai retrouvé ça…

    Qui gronde, ce soir ? Petit grognement. Qu’a-t-on prévu pour ceux-là, et ceux-ci, qui restent ? Voilà les gorges de rancœur et les regards braqués dans la même direction : un objet est là. Objet
    non-identifié. Car rien ne doit traîner, rien ne sera abandonné, rien délaissé vieille peau d’hier. On verra clairement jusqu’au fond et on fouillera bien tes miettes de poche. Organisation, avant
    tout.
    Accorde, accorde, déconnecté tambour, une marche qui annonce les absents les maîtres. C’est la marche et c’est la hache, c’est le tranchant dans les nuages. Latent, sera canalisé ! canalisé ! On
    ravale sa bile et digestion générale ! Absorption saine. Cations et anions en bonne communication.
    Deux litres d’eau par jour pour garder un corps jeune et sain. Et pour votre bien-être et repos, mesdames et messieurs, nous vous prions, bien aimablement, d’en user modérément : en effet,
    d’utilisation facile, il pourra faciliter votre évasion vers d’autres îles limitrophes. Dans ces pays lointains, comme vous pouvez le voir sur la brochure de votre voisin, règne votre rêve. Ce rêve
    éteint poussière soulevée dans nos ports. Réfugié dans les coins et les recoins, blanc sur blanc. Circulez. Circulez. Ils ont déjà abandonné la base et les écrans de contrôle tournent à vide.

  • La Chevauchée Idiotique



    Un chevalier idiot aux casques multiples, qui est à la fois le chevalier et le cheval et l’armure, qui est pantin et animal. Un chevalier
    qui attrape la queue du mickey, un maître de cérémonie et un jouet, une poupée russe. Un homme qu’on chasse, un homme qui parade, toujours dans le devenir, instable et mutant, malléable. La
    jouissance de l’idiotie.

    C’est Par-Dessus Bord, de Serge Ricci et Fabien Almakiewicz, un
    spectacle épique, onirique, drôle mais aussi glaçant comme un cauchemard. Au Théâtre Paris Villette jusqu’au 12 avril.

  • Rites d’aquarelle

    La corde rouge se lève, amarée par un lourd fauteuil en bois sculpté. On entre dans l’espace de présentation des objets, c’est un cabinet de
    curiosités, c’est un musée. Une récolte. Le geste de couleur est venu se poser, rite lent et méditatif, sa trace. La pâte pigmetée, qui ne craquelle pas encore, reste comme pluie dans les creux
    offerts par les pierres couchées. Geste funéraire, action en caresses des mains du passé qui ont sculpté. Liquide venant dans les porosités, épousant la surface cachée. Dans les vasques le bloc
    d’aquarelle en attente, posé. Offrandes. Sur l’autel les empreintes digitales, le toucher de désir, sur la cloche en verre aussi vers les métaux fondus endormis. Le cri est silencieux et n’est
    plus que marionnette vide. Les caisses du voyage viennent d’être ouvertes et découvertes et touchées. Dans une de ces caisses il médite seul et invente des parcours lumineux dans l’espace à
    présent vide. C’est un pont entre vestiges et lumières agressives d’aujourd’hui. Lumière du jour passé s’effaçant et révélant dans la trace photographique les objets du rite. Farandole à la vie
    morte.

    Sarkis, Les trésors de guerre sont-ils sacrés ?, galerie Jean Broly.

  • Evénement retour nous

    Attendre qu’il se passe QUELQUE-CHOSE. Quand est-ce que ça commence ? Est-ce que ça a déjà commencé ? Où est ce que ça va se passer –  se passe ? Où sont – qui
    sont les danseurs ? Une foule dans la fosse, une vague qui remonte les étages, une vague qui redescend, brouhaha. On s’observe, on commence à s’observer. Ils ont ouvert une salle, mais il ne s’y
    passe RIEN. Qu’attend-on à la place du rien ? Y-a-t-il encore une place pour ce rien ? Le rien devient sans-rien.  Qu’a-t-on tant besoin de consommer ici ? Puisqu’on a payé, puisqu’on est
    près à recevoir, puisqu’on est près à être passif. Une matière grouillante et passive en attente, se déplaçant avec lenteur dans des courants assez peu curieux. Lumières s’éteignant :
    frémissement, quelques-uns guettent, d’autres ont déjà oublié. Lumières se rallumant : alternativement les ampoules reliés aux minuteurs et réactivés éventuellement. Le doute : faudrait-il ne
    plus attendre ? Etat relié dans le tout, état ouvert, état de corps en alerte. Rumeurs. Circulation. Action  clé du SPECTACLE : entrer dans la salle, s’installer sur les gradins face au
    miroir de soi. Attente. Envahissement de la SCENE. L’état dure jusqu’au lendemain, et hors les murs.


    Anne Vigier/Franck Apertet, X-event 0, festival Faits d’Hiver, Micadanses.
    Article sur Images de danse

  • Mexique rouge

    Essayer de mémoire : sans notes et sans recherches.
    Un visage d’enfant côtoyant un crâne de pierre au mur. Stations services. Oignons flottants. Dalle de béton dans bidonvilles. Sang au front – poulet. 4L glissante avec batterie. Film 35mm projeté
    exposé. Âne assis. Ronde dessinée. Découpages James Bond et rayures. Mobile à paillettes. Centres du monde. Demi cercles sur dorure. Béances dans immeuble en destruction. Constructions éphémères
    comestibles. Faux mur à trous. Ballon de football. Petit squelette et miroirs. Batterie flottante. Humains transportant des objets dans la rue.

  • Symétrie

    orozco-crousel.jpg
    L’empreinte sur cette image n’a pas été laissée sur une feuille, mais sur l’angle que forment deux murs blancs de la galerie. Dans cette même petite salle, en une diagonale, sont disposées
    deux sculptures d’argile noire, à la présence retenue, charnelle et mortelle. La première est un os de bassin, une rondeur voluptueuse, un corps a fait ce creux qui s’invente lui-même. La
    seconde, au sol, a le volume d’une cage thoracique, c’est un plein roulé, une masse lentement ployée en retour sur elle-même.

    Dans les deux grandes salles s’alignent les taches déroulées par pression à l’intérieur du papier, et dépliées. Faites dans le secret , elles s’ouvrent et donnent l’image de leur
    mouvement fluide en fuite.

    Dans la salle obscure, la géométrie autonome en glissement et figée dans certains de ses moments :  le “Samurai Tree”.

    Gabriel Orozco, Dépliages, galerie Chantal Crousel, du 15 sept. au 20 oct. 07.

  • Densité et enveloppe



    Bas-ventre et point faible, dans l’obscurité et en suspension, définition : Etat d’un corps divisé en fines particules qui sont mêlées à un fluide sans qu’il se produise une dissolution. Non pas condescendant sur la chair grelotante et des peaux et des cuisses en sur-place quand quelque chose d’autre se passe avec la tête ailleurs. Parfois le coup les spasmes massés proches et parfois au loin animaux rares observateur. Requin visuel en attente. Ailleurs, corps en sport et non ceux des sportifs, un certain corps de femme, vulnérable, puissance animale à évaluer, inconnue encore, pas de définition donnée, roulements, moments, par moments coordonné, un rythme qui nous est étranger encore et dans lequelle elles peut-être sont entièrement car cela communique avec autre chose dans ces corps.


    Une ligne pour une silhouette et une ombre pour un volume lisse qui, même lorsqu’il n’est pas tranché ouvert, sonne creux. Un fil (à couper le beurre ?) vient faire deux corps, mitose à notre échelle en douleur devenue point. Schéma hors des schémas. Papiers, post-it à poils ou la matérialité cellulaire, sexuelle, vient s’abstraire par humour. Noir graphite que le faire a laissé surgir et a su amener encore ailleurs un peu plus loin. Jamais conciliant avec la maîtrise et parfois une rage en accident.

    Underbelly, de Trine Lise Nedreaas, galerie Eva Hober, 5 mai au 16 juin.
    récapitulation, de Killoffer, galerie Anne Barrault, 5 mai au 16 juin.

  • Nouveau tourisme


    Passant, voyageur, vous êtes venus sur les lieux et attendez : le bateau, l’éclaircie, les autres passants, les petits événements. Vous êtes là et vous êtes ailleurs, l’humidité monte, les gouttes tombent sur la tôle de plastique, vous voyez la vapeur, la buée, mais ce n’est qu’un mur gris et sec. Le lieu est là en absence. Vous regardez votre carte, vous cochez les villes où vous êtes passé, vous regardez ce point sur la carte et voyez le ciel, la lumière y était douce, ou crue, ou nocturne. Des mots se tissent entre ces lieux du monde où vous avez marché, des mots comme des hiéroglyphes effacés, à demi. Reviennent, à la surface de votre mémoire, les noms et les matières du sol comme vous reviennent les titres des livres et leur forme interne globale, remodelée par l’expérience indirecte, ce que vous en avez dit à d’autres et ce que d’autres en ont dit. Puis c’est le trop plein, le spectacle qui vous saisit, la voix qui vous incite et des lucioles agacées, vous êtes aussi le nouveau touriste et émerveillé vous devez être.

    Expodrome, Dominique Gonzalez-Foerster, Mam Paris,13 février – 6 mai.

  • Ah ! ah ! ah! la putréfaction ! le guignol !


    Mon morceau, morceau, trituré et planté partout, mon crâne, fluo, ma peau de front, grains de remou et terreau gorgé de poussière et trace laissée fondue traînée de suinte ; sous les barreaux mes poils mes cheveux mes cellules mes croutes mes amas de cellules mortes mes pores ouverts détachés ; des limaces mes limaces mes laitues mes baves momifiées ; mes morceaux détachés mes nez fouillent l’odeur de la colle de la terre ; des sexes mes sexes bing bang boum couleurs patatra rose vert fluo, bleu fluo, dix kilos de cheveux collés, ça pousse, ça pousse, les pores de ma peau et les pores des champignons sous terre avec un oeil seulement ; trente semaines sans se laver râcler la production avec une cuillère et nourrir le chat ; brancher la cervelle les restes la putréfaction machine à rêver ; pellicules de la pierre de la peau du plastique pellicules, poils collés ; momies, cadeaux déjà pourri ; enterré.

    Tetsumi Kudo, La montagne que nous cherchons est dans la serre, du 18 février au 13 mai, la maison rouge.

  • Un monde idéal


    Trois horizontales établissent le statisme glissant de la surface. Cet orange rougeoyant, c’est lui-même qui s’affirme, délimité par lui-même, trois fois et sans désignation de son rapport avec le nu du tissu. Trois fois oblitération d’un horizon. La largeur – mesurer – besoin mesquin.

    Eclat régulier, c’est celui qu’on va lécher, un froid sur le pied hors du lit, un mat frais parfaitement propre et le contact de cette matière plastique sur la peau. Noir, blanc, noir, blanc, en ondulations réparties régulièrement et mathématiquement, viennent s’épouser – finir le cercle du bras. Dix étages et le tout glisse sur le côté, on est tiré, on s’étale, on vérifie l’axe et la fixité.

    Net et effectivement parfait, régulièrement doublement posé verticalement, sans haut ni bas, sans début, sans fin, sans trace. Nettement répété agencé une trame nous colle net calmement et fausse gaîté. Si objectivement proclamé, pour hébétitude.

    Peintures Aller/Retour, Centre Culturel Suisse, jusqu’au 11 mars.

  • Bulles

    En activité de suceuse de sang : richement irrigués ils prélèvent en permanence dans le sang du dioxygène qui passe dans le sang et diminue d’autant la quantité de dioxygène contenu dans l’air
    alvéolaire. Lors d’une plongée, la quantité d’azote est présente dans le sang et dans les tissus. En effet, le diazote et le dioxygène peuvent tout deux causer des : pourquoi dit-on que ce
    dernier est saturé en dioxygène ? Et donc : il n’y a pas de volume, ou encore : le volume s’exp(l)ose. En plongée, j’en suce le sang et autant de volume d’air, et autant de dits « oxygène » et dit
    ainsi j’en suce le sang. Ce qui fait volume monte vers la surface, ce que j’en diminue de volume restera sans flotter au fond du gouffre abyssal. Ce qui se gonflait se colle et ce qui
    sérieusement circule cessera.

    La Générale, « Ce volume d’air contenu »
  • Racines / réseaux


    écorpeau
    racinerf
    arboresang
    vertebrerbetrev
    soucheveux
    agglunitatronc

    boisangoisserpententeniaccordurestempsaumetronomenclaturgescencervidenatu
    reponserpentanthracite

    innocemment

    Javier Pérez, Jardin Interior, galerie Claudine Papillon jusqu’au 25 novembre.

  • Météorite


    Costume noir porté sur la peau avec cape longue noire
    Costume noir porté sur la peau avec cape longue noire
    Costume noir porté sur la peau avec cape longue noire
    Costume noir porté sur la peau avec cape longue noire
    Costume noir porté sur la peau avec cape longue noire
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    doublée de satin bleu à l’interieur, tongs / chapeau de
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    sorcière noir à larges bords et à pointe en tulle translucide orné d’une plume
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    de paon, robe courte dorée, collants fuschia, ….. / costume blanc porté à
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    même la peau orné de lierre débordant de l’intérieur au niveau du ventre,
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    des poignets, des pieds, sabots à semelles compensées / kilt, protection
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    tibias plastique noir, un gant fil argenté / chevelure rousse bouclée
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    prolongée par fausse chevelure rousse fixée dans le dos, longue robe
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    violette, chaussures à talons avec rappel de cheveux sur les pointes
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    / chapeau effet perruque gominée, robe boule en fourrure blanche,
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    collants sombres, chaussures à talons.
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    Vera Mantero and Guests, avec Antonija Livingstone, Brynjar Bandlien, Loup Abramovici, Marcela Levi, Pascal Quéneau, Vera Mantero interprétation et co-création, Nadia Lauro conception de l’espace et des costumes, au centre Pompidou, 15-18 novembre.

  • Les yeux du loup


    Nos écrans en frissonnent, dans la nuit noire quand l’activité somnole et silencieusement persiste, les choses qui s’écrivent malgré nous sur cette image en mouvement, un témoin nous en donne trace comme trace et cheminement sur le clavier touche après touche, le sommeil des machines, leur énergie programmée et continue, leur vie sans nous. Délégué aux objets, le processus s’aime. Grand calme dans notre absence, bourdonnement des minéraux, des métaux, de nos espaces dénudés, évidence du mouvement continu et sans fin, dureté et fragilité, équilibre de la vitesse juste. Sans parole, ce qui a été choisi pour ne pas être interrompu ; rien ne se prépare, rien ne se trame, ce qui fait se mouvoir l’image, ce qui fait l’image.

    "Dinosaur", vidéo, et "Star Field (month 26)" film 16 mm, de Jordan Wolfson, exposition 72 to 83 percent of chance à la galerie Frank Elbaz, jusqu’au 25 novembre.

  • Projeter/écrire


    Machine contre machine, pourquoi être en accord avec la technologie de son temps ? La nostalgie est-elle réactionnaire ?
    Concordance du son du projecteur de cinéma et silence de la machine à écrire qui lentement rejoue Pompéi. Concordance des cendres/neige/sable, en chute comme en chute est le mouvement de la pellicule. Lutte machine contre machine, l’image noie l’écrit. L’image enterre l’écrit, à la manière d’une caresse aux efforts assourdissants. La machine à écrire filmée comme objet d’amour, avec attention, ses reflets de machine rutilante, ses détails et ses recoins, gros plans de son visage. Pour être recouverte, enterrée, brusquement dans l’ordre du temps de la poussière, lentement dans l’ordre du temps du geste. Relation d’amour entre le projecteur et la machine à écrire, sans cesse recommencé, la machine à voir les images se souvient, encore et encore, de celle qui aurait écrit ses images, celles de son propre oubli.

    Rodney Graham, Rheinmetall/Victoria 8, 2003, 35mm film, Cinemeccanica Victoria 8 35mm film projector and looper, 10:50 min, projected on continuous loop, silent. A voir au Centre Pompidou.

  • Elles et eux


    Echos du passé : à Calcutta la reine dépossédée renonce au ciel qui ronfle et vrombit. Robes étalées, corps disparus, perles roulantes, joyaux brisés, la mendiante. De choisir et de ne pas choisir, l’une et l’autre fantôme et vibration, L’eau en son continu, obsédant, sourd, omniprésent, et l’eau en jaillissement jouissif, soudain, une eau qui tombe laiteuse. Chez l’une des corps massifs, errants, plantés et passagers, chez l’autre un éveil et une parole dans un corps assis. Immobilité et déplacements. De la forêt on n’entend que la voix, tandis que la forêt devient la voix. Les absents au dehors, les  absents au-dedans. Rigidité ou ouverture, obscénité, mondanité, ou fête. Transferts.
    Chaleur lourde engourdie ou rosée.
    Ce qui des deux persiste en nous, poison, parfum.

    Lady Chatterley, le film, de Pascale Ferran,
    India Song, le film, de Marguerite Duras.

  • Nord-Sud, pôles magnétiques et électriques


    Peut-être la plus lyrique parmi les autres, un animal curieux que l’on observe, sans barreaux, sans vitre. Milles grosses abeilles grises verrouillées au sol fixent l’espace, le centrent, le repoussent. L’oeil du cyclone en épuisement sur les murs qui l’entourent et l’enferment, indéfiniment à perte. Le cycle s’essoufle trois fois pour trois fois rien, pour trois grammes magnétiques en suspens fluctuant, pour ce suspens, pour cette ligne de paysages éphémères au miroitement ténu. Auréole au dessus du poids, horizon et jeu d’enfant, vibrations au détail, vagues lentes aux oscillements avant-envers, face-dos, son-support.

    Flying Tape, Zilvinas Kempinas, Palais de Tokyo, 14 sept. – 29 oct.

  • Le geste du trait


    Tête au sol et tête carrée, tête reste, tête et crâne à relever, l’angle, suspension.

    Tu viens en avant tu viens, au point de balance du poids tu viens, tout en poids pesant tout à coup.

    Et coude et genous, coudes et genou os et cartillage écrase et poing et terre et sol et coude genou cheville vrille, vrille, cassé,    bloc.     Et droite jambe aller retour pivot, repart pivot hanche. Tiré tiré retiré. Tête et crâne ancrage, tête et crâne fixé, l’angle, suspension.

    Tête bloc et traits autour, tête bloc et pied autour, au temps d’en haut et  temps d’en bas, au sol de devant et blanc, et gris sur blanc, écrasé insisté. Trace, blanc cuisse et trace, ventre blanc et trace talon frotté talon.

    Peau dans peau os à os, vrilles du crâne, coude dans genou, articulé dans cheville vrilles du genou.

    Inachevé.

    "Corps étrangers", Retranslation/Final Unfinished Portrait (Francis Bacon), Toni Morrison/ William Forsythe/ Peter Welz, au Louvre.